A ce jour, aucune étude n'a déterminé l'influence de la direction de la perturbation sur l'habileté à rétablir l'équilibre pour éviter une chute chez les jeunes adultes et les personnes âgées. Également, aucune étude n'a encore établi lesquelles des capacités sensori-motrices, perceptuo-sensorielles et cognitives influencent le plus cette habileté. L'objectif général de cette thèse de doctorat est donc d'établir si la direction de la perte d'équilibre ainsi que l'âge influencent la performance du rétablissement de l'équilibre à la limite du possible et, lesquelles des capacités d'un groupe de jeunes adultes et d'un groupe de personnes âgées en santé sont les plus corrélées avec la performance dans chaque direction.
Pour ce faire, nous avons- déterminé l'angle d'inclinaison maximal vers l'avant, l'arrière, le côté dominant et non-dominant à partir duquel 16 personnes âgées (64-83 ans) et 16 jeunes adultes (18-30 ans) en santé pouvaient être soudainement relâché et tout de même rétablir leur équilibre en faisant un seul pas. Les capacités sensori-motrices (ex : vitesse de pas, force musculaire), les capacités perceptuo-sensorielles (ex : temps de réaction) et les capacités cognitives (ex : attention, fonctions exécutives) des participants ont été évalues à l'aide d'une batterie de tests cliniques et, certaines d'entre elles, lors de la tâche de rétablissement de l'équilibre. Les effets de l'âge et de la direction de la perte d'équilibre ont d'abord été déterminés par une analyse de variance avec mesures répétée. Les capacités cliniques et les mesures de performances qui prédisent le mieux l'angle d'inclinaison maximal ont ensuite été déterminées par régression linéaire multiple. Finalement, l'effet des angles d'inclinaison initiaux incrémentaux sur Ies mesures de performance a été déterminé par modèle de régression linéaire à croissance non conditionnelle.
L'angle d'inclinaison maximal est globalement, 32% plus grand chez les jeunes adultes que chez les personnes âgées. Cet angle maximal est 31% plus petit pour l'arrière et 23% plus petit pour le côté comparé à l'avant. La diminution de l'angle maximal avec l'âge était également 41% plus petite pour l'arrière comparé aux autres directions d'inclinaison. Ces différences d'angle maximal, semblent être dues à des variations dans les, paramètres liés à l'initiation, l'exécution et la géométrie de la réponse. La puissance musculaire des membres inférieurs est la variable clinique la plus associée à la performance du rétablissement de l'équilibre (R²=47-75%) tandis que c'est la vitesse du pas qui est la mesure de performance expérimentale la plus corrélez à l'angle maximal (Rϵ=61-83%). Finalement, une corrélation linéaire élevée existe entre l'angle d'inclinaison incrémentai et la vitesse de pas moyenne (pseudo Rϵϵ=72-92%), la vitesse de pas maximale (pseudo Rϵϵ=68-92%) et la longueur du pas (pseudo Rϵϵ=39-72%).
Les résultats de cette thèse démontrent que : a) la direction de la perturbation et l'âge influencent l'habileté à rétablir l'équilibre, b) l'aptitude clinique la plus associée à cette habileté est la puissance musculaire des membres inférieurs, c) la variable expérimentale la plus associée à cette habileté est la vitesse du pas, d) cette dernière, ensemble avec la longueur du pas, augmente avec la difficulté de la tâche de rétablissement de l'équilibre.
Les variables cliniques et expérimentales sont donc en accord car puissance musculaire des membres inférieurs et vitesse du pas sont physiquement liée. Nous avons ainsi démontré que pendant le rétablissement de l'équilibre la synergie entre les capacités sensori-motrices d'un individu joue un rôle fondamental dans sa réussite ou son échec. Ceci devrait aider à mettre en place des programmes de prévention plus ciblés et donc, plus efficaces.