Des particules de renforcement en carbure de titane (Ti₂C) ont été incorporées dans un alliage Ti-6%Al-4%V par deux techniques de métallurgie des poudres, par frittage sans pression à haute température et par frittage sous déformation (ou pressage à chaud). Pour les composites obtenus par frittage seul, une température très élevée (>1500°C) est nécessaire pour obtenir une densification quasi-complète, alors que les conditions de température et de temps sont réduites (1000°C, 1⁄2 heure) pour le pressage à chaud. Au cours du frittage à haute température sans déformation, il se produit un grossissement important de la microstructure lamellaire de la matrice. La réaction interfaciale entre les particules de renforcement et la matrice a été caractérisée par diffraction de neutrons in-situ en cours de frittage entre 1100°C et 1350°C. La réaction se produit initialement par diffusion du carbone des particules de Ti₂C vers l'alliage de titane, ce qui se traduit par l'accroissement du paramètre de maille de la matrice en fonction du temps de maintien. Au-delà de la limite de solubilité du carbone dans la matrice une phase stachiométrique stable génère de nouveaux pics dans le diagramme de diffraction de neutrons. La mesure du paramètre de maille à la température ambiante donne une valeur de 4.290Å avec un taux d'occupation du carbone de 0,45 ± 0.04, ce qui correspond à la stœchiométrie Ti₂C. On a mesuré la fraction volumique de la phase Ti₂C en fonction du temps de maintien aux différentes températures de frittage, on en a déduit que la croissance de Ti₂C s'effectuait par diffusion de carbone des particules vers l'alliage de titane au travers d'une zone de réaction. La phase Ti₂C disparaît complètement au profit de Ti₂C pour les composites frittés à 1500°C. Les propriétés mécaniques mesurées par des tests de poinçonnement montrent que, pour les composites obtenus par frittage seul, la porosité importante limite la résistance et la ductilité à basse température, pour les composites frittés aux températures élevées la phase interfaciale en est responsable. Afin d'améliorer leurs propriétés mécaniques, les composites doivent être densifiés à basse température par frittage sous contrainte. L'épaisseur de la couche interfaciale dans les composites presque totalement densifiés sous pression entre 1000°C et 1200°C est inférieure à 0.3μm. Par ailleurs, il possible de modifier la microstructure de la structure lamellaire, une structure bimodale affinée (lamelles α de 5 μm) a été obtenue pour des composites déformés juste au dessous de la température du transus beta (~1017°C). Une combinaison entre une faible porosité, une faible épaisseur de la zone de réaction interfaciale et un affinement microstructural augmente la résistance et la ductilité à des valeurs voisines de celles typiques pour ces composites. Au cours d'un traitement ultérieur du matériau à 1100°C l'épaisseur de la couche de réaction interfaciale augmente rapidement et les propriétés mécaniques se dégradent. Les procédés ultérieurs de densification devraient donc faire intervenir des techniques de déformation plastique à basse température pour minimiser les réactions entre la matrice et les particules et optimiser les propriétés du composite.